Perdues dans le golfe de Tomini, au nord de Sulawesi, les îles Togeans forment un archipel indonésien aussi méconnu que paradisiaque. Sur ces 56 îles, une mosaïque de cultures cohabite, dont celle des Bajaus, surnommés les "nomades des mers" ou "Sea Gypsies". Ici, l’océan n’est pas seulement un horizon : il est une maison, une source de vie et un mode d’existence.
Les Bajaus, semi-nomades par tradition, tirent l’essentiel de leur subsistance de la pêche. Ils plongent à des profondeurs impressionnantes, atteignant parfois 70 mètres. Leur maîtrise des techniques de chasse sous-marine est exceptionnelle, héritée de générations vivant en harmonie avec cet écosystème marin.
Autrefois, ces chasseurs-cueilleurs des mers passaient leur vie entière à bord de bateaux- maison, voguant au gré des courants. Aujourd’hui, la majorité s’est sédentarisée dans des villages sur pilotis. Plus de 37 communautés ponctuent les lagons des Togeans, leurs maisons reliées par des passerelles en bois branlantes.
Les changements sociaux et économiques des dernières décennies ont redessiné leur quotidien. Téléphones portables, téléviseurs et générateurs électriques se sont introduits dans leur vie. Certains Bajaus, abandonnant la pêche, se tournent désormais vers l’agriculture sur des îlots reculés.
Leur équipement évolue aussi : les lunettes de plongée en bois, autrefois façonnées à la main, cèdent la place à des masques en plastique. Leurs embarcations, autrefois propulsées à la rame, tournent désormais au diesel. Cependant, ce lien intime avec l’océan demeure central, inscrivant leur mode de vie dans une délicate transition.
Les Bajaus doivent aujourd’hui faire face à des défis environnementaux. La surexploitation des ressources marines et les pratiques destructrices comme la pêche au cyanure ou à la dynamite ont sévèrement dégradé les récifs. Heureusement, des initiatives locales et la pression d’associations environnementales freinent ces pratiques dans les Togeans.























